Des rencontres par rapport aux concerts, des Djs qui animaient soit derrière d’autres artistes, soit qui faisaient des soirées et qui nous invitaient. Avec Cut Killer on avait beaucoup tourné en Suède, on avait joué « Reste Slow » dans plusieurs boites en Suède et chaque fois il se passait quelque chose, à chaque fois qu’on le passait les gens suivaient, ça lui donné envie de le mettre sur sa compilation, et ensuite on a rebondi, on lui a fait un inédit donc « Restes Slow » qui est sorti single de la compile, et ça a rebondi sur l’album.
4. Ton 1er opus « Il a fallu » est finalement sorti en mai 1998 ? Raconte nous ce début d’aventure.
J’ai rencontré les gens de La Cliqua, une superbe expérience, on avaient vraiment les moyens de faire les choses, donc on a bossé sur le contenu, on a pris un mois et demi pour savoir ce qu’on voulait vraiment, on a rencontré tous les producteurs de l’époque : Cutee B, Cut Killer, Abdel…On a essayé de faire l’album le plus abouti possible, musicalement et au niveau du style. Le premier single était « Aimer d’Amour », la reprise de Boule Noire pour montrer qu’il y avait un pont entre ce qu’on faisait nous et les cainris, car tout le monde pensait qu’on avaient inventé les choses alors qu’en fin de compte Boule Noire faisait déjà de la Soul française au Canada. C’était un clin d’œil, une continuité.
5. Après, tu as presque disparu de l’industrie, était ce volontaire ?
En 2000 il y a toute une scène qui a un peu changé et évolué, c’était pas trop dans les tons de ce que moi j’aimais, je trouve que ça a perdu ce coté hip-hop. On est parti dans tes tons plus light, plus bling bling qui n’étaient pas dans mes aspirations. J’ai toujours pris le temps de faire les choses, de vivre pleins de choses avant d’écrire, je ne peux pas écrire comme ça pour rien, je raconte des choses donc j’avais besoin de prendre ce recul là, de savoir vraiment ce que j’avais envie de faire, dans qu’elle direction je voulais aller.
6. Donc pour toi l’évolution du R&B en 90 et après 2000 s’est donc faite difficilement ?
Non en fait ce qui s’est passé c’est que de 92 à 2000 on a beaucoup donné, on étaient tout le temps sur scène entrain de donner, et on a pas eu l’impression qu’il ya eu un retour de la part des autres artistes, de la part du milieu, il n’y a pas eu le retour escompté ; Pas au niveau financier, mais de la reconnaissance au niveau du style, car on a développé le style, donné une vraie identité à ce style, en parallèle le rap français commençait à avoir une vraie identité, une vraie couleur, alors que niveau R&B français, chaque fois qu’un groupe arrivait, il fallait qu’il vienne d’une génération spontanée. Il n’y avait pas de suivi, pas de pont au niveau des artistes, j’ai eu besoin de prendre du recul par rapport à ça, voir un peu ce que faisaient les autres. C’était intéressant car il ya des gens comme Wallen qui ont ramené leur truc.
7. Penses-tu que les chanteurs blacks de ton époque comme K-Reen, Moïse, on eu des bâtons dans les roues ou ont été bloqués pour ne pas plus exploser?
Au contraire ce qui s’est passé, comme il n’y avait pas beaucoup de chanteurs, ça à pris très vite, je crois que nous et les maisons de disque n’avions pas su alimenter ce besoin et les gens sont restés sur leur faim, donc je crois qu’il aurait fallu continuer sur la même lancée. Le problème c’est qu’on passait à un autre stade, il fallait des salles plus grandes, où les gens nous attendaient avec du vrai.
Vous étiez tous signés en major pourtant, est ce qu’on peut parler de boycott ?
Les médias n’ont pas su comment nous prendre, avant tant que tu ne passais pas sur Skyrock ça allait, mais pour passer à un autre niveau, maintenant c’est plus facile car le R&B est devenu une certaine variété alors qu’à l’époque c’était banlieue clean, on ne savait pas trop, on pouvait tomber direct dans la variété, il y sa des gens qui sont sortis en faisant du R&B/Variété, comme Lââm, alors que nous on voulait garder notre identité, ils ont eu du mal à nous placer, un peu marketing.
8. Es tu toujours signé en major ?
Non on a monté notre label.
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9. Comment as tu vécu ce retour à l’anonymat ?
Moi je pense que quelqu’un qui vit cette époque où il ya beaucoup de médiatisation, ne serai-ce que sur internet, aura beaucoup de mal à retourner dans la vie normale alors que nous on a toujours eu une double vie. En fin de compte, on a toujours été dans la vie et en même temps dans la vie médiatique. Les artistes de maintenant s’enferment dans leur bulle, même s’ils font autre chose à coté. Pour nous c’était normal, on étaient entrain de développer quelque chose, on se disait que ça peut marcher demain, comme ça ne peut pas marcher, on y va, alors que maintenant il ya des étapes à faire, il ya des réseaux. Si t’es pas rentré dans tel réseau tu ne peux pas, alors que nous on étaient plutôt entrain de casser les réseaux et on a l’habitude de ne pas être attendu.
10. Par rapport à cette nouvelle école, quel groupes peux tu écouter et apprécier en terme de R&B ?
Il y a beaucoup de groupes que tout le monde ne connaît pas forcément avec beaucoup de talent, qu’il faut qu’on sorte de nos carcans, autant les médias que nous. Nous on se contente de notre petit monde, je pense qu’il faut s’ouvrir, que notre musique soit ouverte avec un caractère, je pense qu’on est dans des codes, il faut avoir la coupe, le pantalon, le jean, il faut venir du gospel alors que le hip-hop c’est une rencontre de pleins de styles différents, des gens qui ont des affinités différentes. Je trouve que maintenant le hip-hop s’est restreint aux rappeurs, alors qu’il y a plusieurs disciplines et le chant s’est mis dans une certaine case, je pense qu’il faut éclater les limites, se concentrer plus sur le personnage, alors que maintenant on est dans le style.
Qu’as tu acheté récemment ?
En R&B français ? wow bonne question ! Humm il y a ¾ ans oui, Wallen, Afrodiziac…Soit j’achète du zouk, soit j’achète du R&B, ou du Zouk R&B, Coupé Décalé Punk (rires) J’ai un peu de mal quoi, je préfère écouter du vrai Coupé-Décalé, je trouve que c’est hybride pour l’instant, peut être que ça va évoluer et prendre en maturité et devenir intéressant, pour l’instant c’est hybride et ça marche.
11. Parles « Art Mature », dans quel état d’esprit le prépares-tu, quels sont tes inspirations, thèmes, couleurs, es tu dans un état d’esprit de come back?
Il sort en septembre/octobre, là on part sur le single qui sort le 15 mars, après on se concentrera sur l’album. Je dirai que c’est la continuité, il faut rester soi même, il faut que les gens d’avant s’y retrouvent et que les nouveaux arrivés aussi. Il faut pas que j’arrive avec genre « c’est le retour il faut que ça marche ! » ya aucune pression si tu veux. A une époque j’ai eu beaucoup de pression, la pression du fait que ça marche et celle de tout un mouvement qui attend derrière toi, comme ils attendaient derrière K-Reen, Afrodiziac, Vibe, mais là il n’y a plus cette pression là et plus de choses à faire.
Et musicalement c’est comment ?
Coupé Décalé hybride ! (rires) non c’est R&B, Soul, mais pas le côté soul très Opus, c’est Sankofa sans l’être, Sankofa à moi.
Des influences Zouk ?
On m’a demandé pour une compile de Zouk de faire un morceau d’Hasheem en Zouk, je l’ai fait, la compile sort en avril, mais quand c’est Hasheem, je fais du Hasheem; Il y a des zoukeurs qui savent très bien le faire, mais c’est une rencontre qui peut être intéressante, j’ai grandi avec.
12. Parles nous de tes prochaines collaborations, comment as-tu rencontré Kerry James ?
A l’époque de «Si c’était à refaire» il se posait beaucoup de questions au niveau de son contenu, avec Zaharya on a passé beaucoup de temps, pratiquement ¾ mois à bosser avec lui sur la couleur, les voix car il fallait qu’il n’utilise pas d’instruments à vent, pour des raisons religieuses. Nous après par rapport à la tournée on eu une impossibilité, donc il a fait sa tournée avec d’autres personnes, mais sur l’album « Si c’était à refaire » on étaient vachement présents, sur ¾ morceaux on lui a donné une base de travail qu’il a su très bien développer après. Donc voilà, c’est comme ça qu’on s’est connu, on a beaucoup travaillé avec Kerry James à une époque et il fallait que je le souligne.
On peux considérer Zaharya comme un binôme ?
On a beaucoup travaillé ensemble, maintenant on se force à travailler chacun de notre côté, on est tellement complémentaires, on a fait certains morceaux de l’album « Correspondance » ensemble, mais je lui ai laissé faire son album. Je l’ai écouté qu’à la fin pour ne pas être trop impliqué et pour qu’elle soit libre aussi. Quand j’ai fait « Légendes Urbaines » on a fait pareil, elle a écouté après pour donner son avis avec suffisamment de recul.
13. Excepté Kerry James et Zaharya, quels sont les invités ?
Pour l’instant il ya d’autres personnes, c’est une question d’emploi du temps, je me concentre plus sur les titres, on verra les featurings après mais je peux déjà dire qu’il y a Busta Flex, Soprano…
Soprano c’est plus à cause du côté comorien ?
Non c’est quelqu’un qui kiffe se que je fais depuis des années, on s’est croisés car ma cousine habite près de là où j’habitais avant et près de chez lui.
14. Comment tu te positionne face à la scène rnb française actuelle où les artistes qui marchent ne représentent pas forcement la culture et l’image? Es-tu préparé à un éventuel échec de ton album, plus réfléchi et mature face à des artistes bubble gum?
Je pense que tout le monde se prépare à l’échec, mais ce que j’ai aimé dans ma carrière c’est que ça a toujours été évolutif, avec de la marge, j’ai toujours su à quel moment foncer et à quel moment me retirer, j’ai gardé cette liberté là face aux médias et aux maisons de disques.
15. Quel regard portes tu sur la scène soul française ?
Elle est super intéressante, je vois que des noms alors qu’il ya des artistes supers intéressants, ce qui reste de tout ça c’est le Sankofa, Soulissime, c’est pas l’artiste, dc après il faut que les artistes se démarquent, sortent de après c’est des bons tremplins, je ne dis pas qu’il faut arrêter au contraire, il faut qu’il y ait une scène, il ya de l’engouement les gens suivent, à part quelques noms, il faut qu’on les voient autre part, pour moi il faut une 3e dimension.
Toi à l’époque tu aurai fait à l’époque un concours du style Sankofa version R&B ?
Qu’est ce qu’il y a à gagner ? Ce qu’on gagne je pense c’est plus un public ? (Je lui explique le concept du Sankofa et ce que l’on gagne, notamment le voyage à Dallas + la possibilité de se produire live au Sankofa Café). C’est intéressant, mais qu’est-ce que ça apporte aux français? En Suède on m’avait pratiquement signé, mais au dernier moment je me suis dit je rentre, aux Etats-Unis pareille, je suis parti en 96’, des amis qui étaient làbas étaient prêts à me faire signer chez Epic, mais au dernier moment je me suis dit que je vais me retrouver face à des gens qui sont nés avec celle langue, qui mangent cette langue. Les Nubians m’ont dit après que j’aurai peut-être dû rester, mais je me suis dit que c’est ici que j’ai envie de faire les choses, car ici il y avait plus de trucs à faire. Làbas tout le monde est artiste avec un level de fou, je trouve qu’ici c’est plus intéressant, c’est une scène à défricher comme l’Afrique, il y a plus de choses à faire. Maintenant soit on dit l’Europe alors on est là, les choses avancent pas au quotidien, soit l’Afrique, c’est dur mais il ya des choses à faire. Je pense qu’en France niveau musique black il y a quelque chose à faire.
Moi je trouve qu’on est pas tout le temps bien représentés
Nous même on ne se représente pas, je pense qu’on devrait plus se prendre en main, le Sankofa ils font leurs concerts, j’ai pas vu de scènes R&B tous les samedis, c’est très sporadique, on dépend des radios, à l’époque on faisaient des concerts dans des bleds paumés.
16. As tu toujours des contacts avec Tino & Joce ? comme LSG avez vous songé à un come back ?
Joce oui, c’est lui qui a fait « Celui qui », on avaient prévu de faire un album mais on n’a pas eu le temps.
17. Tu as prévu une tournée de promo ? Un clip vidéo ?
Là on a des propositions, je suis entrain de constituer l’équipe de musiciens car ça sera live sur certains endroits. Le clip c’est le 1er single « Celui Qui » vient juste de sortir.
Je t’ai envoyé le lien hier soir !(Kiara)
5 questions d’actualité:
- Dernier coup de cœur musical
Eric Benet, il a réussi à tout allier, gospel, soul, hip-hop, sons à l’ancienne, super naturel, il a bien réussi sa sauce.
- Dernier film vu et apprécié
j’ai pas eu le temps de voir des films, ces deux dernières années j’étais plutôt musique à fond.
- Clip coup de cœur
c’est un clip avec des pieds mais je ne sais pas qui c’est (rires), un groupe français avec des petits qui marchent, je l’ai vu sur M6
- Fait de l’actualité qui t’a marqué
Je dirai Obama, mais là la Guadeloupe et entrain de battre Obama
Portrait chinois:
- Si tu étais un plat ?
Spaghettis
- Si tu étais une ville ?
New York
- Une chanteuse R&B française ?
Zaharya
- Un chanteur R&B US ?
Donell Jones
- Rap français ou rap US?
Rap français 90’
- Soul ou R&B?
Soul
L’interview fut fortement sympathique, riche en échanges et nostalgique aussi ! Après nous avons visionné le clip « Celui qui » sur mon Mac Book et Wooow j’ai été immédiatement conquise !
Myspace : http://www.myspace.com/hasheemlafami
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